Assise en tailleur, tes doigts viennent parcourir la douce fourrure de ton animal de compagnie. Ton fléreur. Ton meilleur ami. Celui qui t'accompagne chaque jour depuis tes dix ans. Sans aucun doute, l'être vivant avec lequel tu t'entends le mieux. Un cadeau de ton père. Qui lui, encore aujourd'hui, essaye d'acheter ton amour avec des cadeaux et de l'argent. Ta famille n'est pas pauvre. Pas aisée non plus. Tu as toujours eu une vie confortable. Sans privation. Ton paternel travaille au ministère, au département des contrôles et régulations des créatures magiques. C'est ainsi que, très jeune, tu t'es épris de ses animaux. Tes phalanges filent sur le corps de Gaïa. Tracent des ronds machinalement au milieu de ses poils. Tes opales fixent la maigre silhouette devant toi. Ton esclave. Un autre cadeau de ton père. Offert un an avant d'intégrer Poudlard. Tu l'as renommé Elonia. Un anagramme de ton propre prénom. Par preuve de narcissisme ? Non. Juste par manque d'imagination. Une pelle à la main, elle s'efforce de ramasser les matières fécales des sombrals. Elle n'a pas le droit d'utiliser la magie. Toi, si. Mais tu la laisse faire. Ton père a toujours insisté sur le fait que c'était à Enolia de s'occuper des corvées. Il a sans cesse répété que tu ne devais pas t'attacher. Qu'elle appartenait à une sous-race. Que c'était son devoir de t'ôter les tâches ingrates ou difficiles. Tu as toujours obéit. Tu n'as jamais été odieuse envers elle. Tu ne l'as jamais insulté. Humilié. Rendue sa vie encore plus sinistre qu'elle ne l'est déjà. Tu te contentes de lui donner des ordres. Vous parlez rarement. Elle te suit comme son ombre. Muette. Tant mieux. C'est plus simple pour ne pas l'apprécier. Tu te demandes comment tu ferais sans elle. Elle fait partie de ton quotidien. Elle a su rendre plus facile ton ancienne vie d'élève. Sans elle, tu aurais vécue ces années en solitaire. Tu ne pourrais plus t'en passer. Il faut que tu l'ais sous la main. A chaque instant. Pour ton équilibre. Pour la stabilité de ton quotidien. Tu ne t'es pas prise d'affection. Non. Juste qu'elle est devenue physiquement indispensable. Par contre, tu as l'impression que ton esclave a presque pitié de toi. Elle fait preuve d'énormément d'attention. Plus que son travail l'exige. Tu essayes de l'ignorer. De toute façon, maintenant, tu as plus important à t'occuper. Tes élèves. Tes cours. Tes créatures magiques. Et ses professeurs qui te pensent incapable de gérer tout ça. Ils t'ont eu en cours. Pour la plupart. Ils savent certainement de quoi ils parlent. Mais ton savoir et tes capacités dans le domaine des Soins aux Créatures Magiques ont impressionnés. Sans exagéré, tu es sans aucun doute la meilleure. Trop passionnée, disent certains. Complètement folle. Déconnectée de la réalité, commèrent d'autres. Tu t'en fiche. Les animaux magiques valent bien mieux qu'eux. Eux, tous réunis. Un jour, tu te promets de tous les hanter. Quand tu deviendras fantôme. Ce que tu désires plus que tout. La seule créature magique qu'un être humain puisse aspirer à devenir. Ce rêve plane au dessus de toi depuis ta plus tendre enfance. Où déjà, on jugeait ta personnalité étrange. Même si la plupart, te doivent un certain respect. La majorité des moqueries passent par le regard. Ou alors derrière ton dos. Comme si quelque part, on craignait ta réaction. Tu crois que c'est une question de généalogie, tu n'en es pas certaine. Tu ne t'es jamais intéressée à l'histoire et à l'actualité. Tu ignores ce qui se trame. Tu as remarqué qu'il se passait quelque chose. C'est déjà suffisant.